La racine et la fleur de la culture chinoise - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

La racine et la fleur de la culture chinoise

Retour aux origines et renaissance du confucianisme

He Guanghu

Voir «Yuandao» (la voie originelle) rédigé par Chenming éd. Tuanjie, Pékin 1ère édition 1995, pp.

En quoi le confucianisme retourne-t-il à ses origines ? D’une part, il faut revenir aux conceptions de l’empereur céleste ou de la voie céleste antérieures à la période des Printemps et Automnes (de -722 à -481); et, d’autre part, il faut revenir au caractère religieux ou transcendant ancré dans le coeur de la population. En ce qui concerne la renaissance du confucianisme, il faut qu’il s’ouvre à «l’extérieur», c’est-à-dire à la théologie chrétienne et à la pensée traditionnelle de l’Occident et à « l’intérieur» , c’est à dire à la sagesse populaire et à la vie sociale.

La nature transcendantale de l’homme est justement à l’origine de la culture et la religion constitue l’expression de la transcendance de l’humain », ce qui conclut que la croyance en un dieu ou la religiosité est la racine de culture. Si l’on compare la culture chinoise à un arbre, la philosophie confucianiste en est la fleur tandis que la religion confucianiste en est la racine. La philosophie confucianiste tire justement son origine de la conception de l’empereur céleste.

Chez les ancêtres des chinois, l’«empereur céleste» est l’expression de la transcendance. C’est l’archétype essentiel de l’inconscient collectif des chinois, et c’est aussi la conception de la religion confucianiste. La religion confucianiste représente la source ou la racine, et la philosophie confucianiste la rivière ou la fleur; la théorie de la religion réside dans la philosophie confucianiste tandis que l’esprit de ce dernier se trouve dans la religion confucianiste ; la religion confucianiste est inscrite dans le subconscient du peuple chinois et la philosophie confucianiste dans la conscience des intellectuels.

Le concept de l’empereur céleste est le témoignage écrit des premières conceptions religieuses en Chine et il est très élaboré. Des écritures oraculaires sur écailles de tortue, le «Classique des documents», le «Livre des odes», ou encore «les Entretiens» montrent que l’empereur céleste est un créateur guidé par sa propre volonté, doué de vertu, d’humanité, de compassion. C’est une divinité puissante et juste, dotée d’une personnalité à part entière. Même si le terme «céleste» prend par la suite le sens de «naturel», si l’on observe l’histoire de son usage, la connotation renvoyant à un «souverain suprême» n’a jamais totalement disparu. Mais par la suite, le développement du confucianisme comme courant principal de la culture de l’élite a progressivement gommé la notion de transcendance , s’éloignant du coup de l’esprit initial de religion.

Certains grands concepts du néo-confucianisme se retrouvent dans la théologie chrétienne. Le néo-confucianisme peut s’inspirer de la théologie chrétienne. D’un point de vue théorique, la philosophie confucianiste ou la théorie de la religion confucianiste de Confucius et Mencius à Zhu Xi, Cheng Xi et Cheng Hao se rapprochent du christianisme et se distancient relativement du bouddhisme. Dès lors, la possibilité d’apports extérieurs au néo-confucianisme est ouverte. Il est nécessaire et possible pour l’école confucéenne actuelle de s’ouvrir à la pensée chrétienne. Pour ce qui est de l’ouverture «vers l’intérieur» du néo-confucianisme, il s’agirait d’introduire les principes de «justice céleste» et de la théorie académique dans la vie sociale et les institutions sociales, et ce pour le bien-être de tous. Elle correspondrait d’une manière plus générale à une ouverture vers la société et le peuple.