La gestion des choix scientifiques et techniques vue d’Europe - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

La gestion des choix scientifiques et techniques vue d’Europe

Projet de note pour la préparation de la réunion Euro-Chinoise d’Octobre WTIS

Auteurs : Thierry Gaudin, Elie Faroult

Date : 2007

1-Enjeu politique de la recherche et de l’innovation

En matière de choix scientifiques et techniques, il n’est pas exagéré de dire que les européens ont aujourd’hui plus de questions que de réponses.

1-1-La première question que pose le livre vert de la commission européenne est celle de la cohérence dans la diversité. L’Europe comprend maintenant 27 pays, qui pour la plupart parlent des langues différentes et, à l’intérieur même de certains pays, plusieurs langues sont en usage. L’Europe s’est construite après la seconde guerre mondiale sur l’idée forte que l’échange économique apporterait la paix entre des peuples qui s’étaient entre déchirés depuis un siècle. L’expérience a montré que ce pari était juste, mais la diversité culturelle a subsisté. Elle est même considérée par la plupart des Européens comme une richesse à conserver. Néanmoins, en ce qui concerne la recherche, cette diversité ne facilite pas les échanges et l’Europe est amenée à prendre des dispositions particulières pour que les cursus des chercheurs soient partout semblables et pour stimuler les échanges et la mobilité des chercheurs entre les différents pays membres.

1-2-Une autre question, plus rarement abordée, est celle de la définition ou de la délimitation de la recherche. Il peut paraître fastidieux de s’interroger sur ce qui est recherché et ce qui ne l’est pas. Mais, lorsqu’on regarde l’Histoire, cette question prend tout son sens. C’est après la fin de la seconde guerre mondiale et l’extraordinaire démonstration de puissance de la recherche que fut l’arme nucléaire que s’est posée la question, au niveau de l’OCDE, de cerner le domaine de la recherche de manière à mieux comprendre et contrôler les moyens qui y étaient consacrés. Ce travail, intitulé « Manuel de Frascati » est parti, sans l’afficher officiellement, des besoins militaires. Il faut dire que ces besoins sont vastes et couvrent la plupart des activités. Non seulement la Physique et Chimie, qui avaient servi à faire des armes et la biologie qui pourrait servir à en faire d’autres, mais aussi la santé, la mécanique, l’aéronautique, les matériaux et… les communications. Pour ne prendre qu’un exemple, Internet n’est-il pas une extension d’Arpanet, réseau construit à la demande de la DARPA pour faciliter et accélérer les communications entre les centres travaillant pour la défense américaine.

1-3 Par contre, les activités artistiques, celles de l’artisanat ou même la connaissance des écosystèmes naturels ont été négligées par le système de la recherche construit dans les années 50 à 70. La seule exception importante est l’astrophysique, acceptée comme recherche bien que n’ayant pas de retombées militaires. Néanmoins, à partir des années 70, les retombées civiles de la recherche militaire sont devenues si nombreuses et importantes que cette définition originelle a été oubliée. La recherche est devenue officiellement le soutien intellectuel de la compétition économique tout en préservant l’idée, chère aux chercheurs, que la recherche « fondamentale » était indispensable car, l’exemple d’Einstein le montrait bien, on ne pouvait prévoir les applications et celles-ci pouvaient être décisives.

1-4 Néanmoins, si la compétition économique a pris la place des rivalités militaires pour motiver et justifier les financements de la recherche, il n’en reste pas moins que ce sont là deux expressions de la volonté de puissance. Autrefois comme aujourd’hui la recherche et l’innovation ont pour finalité la puissance. Puissance militaire hier, économique aujourd’hui. En sera-t-il toujours ainsi ? C’est là que se trouve le grand point d’interrogation de l’avenir.

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