Les transformations sociales et la reformation de la classe ouvrière - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

Les transformations sociales et la reformation de la classe ouvrière

Shen Yuan

2006

Sociological Research, No. 2

Résumé :

Il y a sur le plan de la recherche deux manières d’appréhender la transition des pays socialistes contemporains vers une économie de marché. La première est celle de Karl Polanyi, dite de “la grande transformation”, la deuxième celle de Michael Burawoy dite de “la seconde grande transformation”.

La première, qui s’enquérait plus de l’élite, est considérée comme de la sociologie néolibérale, tandis que la deuxième qui concerne plus la destinée historique de la classe ouvrière et des couches inférieures de la société pendant la période de transition sociale, relève d’un ‘‘marxisme sociologique’’.

En Chine dans la transition de la Chine vers une économie de marché, la classe ouvrière, au sein de celle que l’on trouve dans une société d’économie de marché, peut prendre forme en suivant deux voies différentes, à cause des inégalités sociales qui prévalaient au commencement de la période transitoire. Le modèle de Marx et le modèle de Polanyi, les deux principaux modèles théoriques à subsister de la tradition théorique des études sociologiques sur le travail, fournissent le fondement théorique de la formation de la classe ouvrière dans une économie de marché par les travailleurs immigrés et les anciens travailleurs des entreprises publiques.

Selon la sociologue Beverly Silver, cela constitue une étape pré-définie bien connue dans la théorie marxiste et un oscillement de pendule dans celle de Polanyi; les ouvriers sont jetés dans le processus de production en tant que travailleurs «libres comme l’air ». Les capitalistes exercent donc un contrôle de plus en plus ferme sur leurs travailleurs en renforçant la gestion du processus de production, en introduisant des nouvelles technologies de production et en améliorant l’organisation des usines.

Par conséquent, les travailleurs prennent de plus en plus conscience de leur rôle structurel dans le processus de production et de l’exploitation qui le caractérise. Ils mettent progressivement en oeuvre une lutte et une résistance organisées, et se transforment de “classe par soi-même” en “classe pour soi-même”.

Polanyi évoque quant à lui un processus de type pendulaire : selon lui, lorsque le pendule balance vers la marchandisation du travail, il crée un fort mouvement en faveur de la protection sociale dont le mouvement ouvrier est un des facteurs les plus importants. À ce moment-là, l’oscillement du pendule se heurte à une pression et repart donc dans la direction opposée jusqu’à atteindre un degré où l’impact est assez considérable pour mettre en péril les gains escomptés du capital. Dans ce cas, la pression qui provient du capital forcera le pendule à osciller vers la marchandisation avec pour résultat l’amplification du mouvement ouvrier. Les mouvements successifs du pendule façonnent la classe ouvrière. Ce type de théories pourrait éclairer d’un jour nouveau les recherches menées sur les travailleurs émigrés et être intégrées aux théories de formation des classes. En fin de compte, le concept de Burawoy sur le système des usines pourrait constituer un point de départ théorique et méthodologique pour des recherches concrètes sur la reformation de la classe ouvrière dans une période transitoire en insistant plus particulièrement sur le processus de production.

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