Survivance de la tradition culturelle socialiste—–Une étude de cas: l’action collective des travailleurs des entreprises publiques - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

Survivance de la tradition culturelle socialiste—–Une étude de cas: l’action collective des travailleurs des entreprises publiques

Tong Xin

2006

Sociological Research, No. 1

Résumé:

La réforme des entreprises publiques occupe sans aucun doute une place importante dans les réformes économiques qu’entreprend la Chine. La restructuration des entreprises publiques se fait par le biais de procédures de faillite, de liquidation, de vente ou d’acquisition d’entreprises et de changements dans l’actionnariat. Les réformes ont non seulement précipité l’arrivée d’un grand nombre de petites et moyennes entreprises publiques sur le marché mais elles ont causé les licenciements de nombreux travailleurs de ces entreprises.

Y a-t-il eu un mouvement de résistance collective des travailleurs face aux licenciements massifs? Et si oui, comment les travailleurs se mobilisent-ils autour d’une action collective? Quelle culture les anime et à quels concepts font-ils appel dans leur action?

Cet article analyse le “cadre d’action collective” des travailleurs à travers l’examen du cas d’une action collective contre le projet d’acquisition de l’entreprise publique Z. Les malencontreuses expériences des travailleurs avec l’économie de marché ont exacerbé leur attachement à la culture socialiste traditionnelle. La nature privatisante des réformes qui entraînent des fusions et acquisitions a soulevé chez les travailleurs un sentiment de «propriété». Elle a aussi renforcé leur attachement et leur identification collective aux notions de «communauté» et de «propriété collective».

Les travailleurs ont réalisé que la protection que leur offraient les entreprises publiques traditionnelles avait disparu. Les travailleurs étaient très attachés à l’esprit de ces entreprises et à la sécurité qu’elles leur procuraient tout au long de leur vie. Ils ont compris qu’ils pouvaient utiliser la culture et les traditions de l’époque qui avait précédé les réformes pour chercher une légitimité et des moyens de défendre leur intérêt collectif. La survivance de la culture socialiste pourrait bien influencer la voie de développement suivie par la Chine pour s’ouvrir aux règles du marché.

L’auteur a dégagé un certain nombre de facteurs de son observation des actions menées par les travailleurs de l’entreprise Z. Premièrement, par comparaison avec le courant idéologique principal de l’économie de marché, les anciens salariés des entreprises publiques font montre de plus de flexibilité quant à la manière dont ils gèrent leur vie, leur comportement et les actions menées collectivement. Ils sont plus facilement influencés par les situations concrètes et tirent mieux profit de leurs expériences et de leurs traditions culturelles pour prendre des décisions concernant leurs actions. Deuxièmement, les travailleurs des entreprises publiques sont différents des travailleurs d’autres types d’entreprises dans l’organisation de leurs actions collectives. Leurs expériences professionnelles et la culture traditionnelle socialiste héritées de l’ère de l’économie planifiée leur donnent un sens profond de la solidarité. Cela ne se traduit pas par une simple reproduction des idées socialistes; il s’agit d’une mémoire commune et d’un héritage culturel des travailleurs qui ont vécu cette période. Troisièmement, la culture traditionnelle socialiste continue, à travers les actions collectives des ouvriers, à influencer l’étendue des réformes qui touchent les entreprises publiques et la manière dont ces réformes sont mises en place. Les mécanismes d’organisation des syndicats et des unions des représentants des travailleurs offrent des moyens organisationnels utiles pour les actions collectives des travailleurs.

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