Pierre Calame : Side-event COP 21 - Discours sur l’économie circulaire le 1er décembre 2015 - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

Pierre Calame : Side-event COP 21 - Discours sur l’économie circulaire le 1er décembre 2015

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Chers Amis,

Je suis ému de ce que j’ai entendu, pour deux raisons. La première, c’est l’importance que vous accordez à l’économie circulaire. Or, dans le cadre de la coopération que notre fondation Charles Léopold Mayer avait développée avec la Chine, j’ai décidé en 1997 de faire traduire en chinois le livre de Suren Erkman intitulé « Vers une écologie industrielle ». Ce livre, d’après ce que je sais, a été une des références utilisées par le gouvernement chinois pour introduire le concept d’économie circulaire et, comme il arrive souvent, la Chine est allée plus vite et plus loin dans cette voie que l’Europe d’où étaient venues les premières idées.1997 cela fait presque vingt ans : c’est aussi l’illustration de l’importance de la longue durée pour construire entre deux sociétés des échanges intellectuels et humains et pour qu’elles apprennent à faire face ensemble à leurs défis.

Je suis ému pour une seconde raison. Ce que j’ai entendu tout le long de l’après-midi montre un élan formidable, fondé sur la prise de conscience de la nécessité de penser autrement notre monde. Ce n’est pas avant tout un élan des Etats, c’est un élan des entreprises, des villes, de la société civile.

La question que nous devons nous poser aujourd’hui et qui constitue le prochain horizon pour le forum China – Europa est la suivante. Ce bel élan suffit-il ? Mon sentiment est que non. Nos délégations officielles ont entrepris l’étape finale de la négociation pour parvenir à un accord de Paris mais vous savez tous d’une part que les engagements volontaires actuels des Etats ne permettent pas de rester dans la limite de réchauffement de 2° à laquelle la communauté internationale s’est formellement engagée et d’autre part qu’en l’état actuel du droit international et quels que soient les discours que l’on entend, les Etats ne seront pas juridiquement engagés à leur parole. En même temps que nous devons poursuivre ces échanges très riches, nous devons être capables, et ceux qui sont dans cette salle sont en situation de le faire, de promouvoir des changements fondamentaux dans les régulations internationales. Je vous propose trois pistes :

• il faut aller vers une affirmation universelle des responsabilités humaines. Déjà, de nombreux tribunaux considèrent que les engagements affichés par les entreprises en matière de responsabilité sociale et environnementale leurs sont opposables ; il faut aller dans cette direction aussi pour les Etats, pour les villes, et pour tous les autres acteurs ;

• le système actuel de régulation des émissions de carbone ne permettra pas d’atteindre l’objectif visé de limitation des hausses de température ; nous devons oeuvrer en direction de quotas globaux alloués à chaque pays, incluant l’énergie grise, c’est-à-dire celle que l’on ne voit pas, parce que c’est l’énergie nécessaire pour produire et transporter les biens et les services que nous consommons ;

• le dialogue entre entreprises chinoises et européennes est essentiel ; elles jouent un rôle majeur dans les filières mondiales de production et de consommation, mais les accords de commerce international, l’Organisation Mondiale du Commerce, ne sont pas du tout fondés sur la promotion de filières durables. C’est ce que collectivement, entreprises européennes et chinoises devraient maintenant promouvoir.

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