Portées et limites du partenariat entre ONG et entreprises pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

Portées et limites du partenariat entre ONG et entreprises pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises

Université de Paris 1 - Sorbonne, UFR de Science Politique - DESS Développement et Coopération Internationale

Auteurs : E. Dollet

Date : 1 novembre 2002

Extrait de «  Mémoire de fin d’études soutenu par Emmanuel Dollet, Sous de la direction de Jean-Jacques Gabas »

Bien plus qu’un thème d’actualité, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est au centre des relations entre les sociétés commerciales et leurs parties prenantes (« stakeholders »). Mais le concept de RSE est problématique du point de vue de sa définition, de sa perception par la « société civile » et de sa mise en œuvre. Tel est le thème central de ce mémoire qui est abordé sous l’éclairage particulier du partenariat ONG entreprise. Ce choix est guidé par le fait que ces deux organisations entretiennent des relations complexes qui peuvent avoir un impact sur leurs modes d’organisation respectifs et sur l’évolution globale de la société.

La globalisation des échanges et la financiarisation de l’économie ont induit des interdépendances asymétriques complexes entraînant une perte d’autonomie des organisations et une dilution des responsabilités. Dans ce contexte, les sociétés transnationales (STN) ont acquis un très grand pouvoir qui est contesté par une large partie de la société civile. En réponse à la stratégie d’autoréglementation développée par les entreprises, des formes d’autorégulation apparaissent sans pour autant que l’on puisse se passer de la régulation de l’État. Telle est la problématique de ce mémoire.

Le concept de Responsabilité Sociale de l’Entreprise est fondé sur une approche volontaire des firmes visant à optimiser les impacts de leurs activités dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux (approche « triple botton line »). Cette approche anglo-saxonne est principalement le fait des STN, mais il est probable que les PME/PMI l’adoptent prochainement. Les États réagissent relativement positivement à ces initiatives et encouragent, par ailleurs, les rapprochements ONG entreprises. Mais ONG et syndicats se méfient des réelles intentions des entreprises.

A la faveur de la mise en œuvre d’une politique de RSE par les firmes, des partenariats naissent entre des ONG et des sociétés commerciales. A partir de trois études de cas (accès à l’eau dans les PED, exploitation pétrolière, commerce éthique), mettant en jeu des ONG et des STN, différents registres d’action sont mis en évidence, de l’affrontement productif à la conduite commune de projets. Toutefois, les entreprises utilisent souvent cette occasion pour développer des stratégies de marketing et de conquête de marché.

Si le partenariat ONG entreprise permet effectivement de mettre en œuvre des

politiques de RSE, il semble être également un catalyseur de processus d’innovations sociales pouvant induire des changements au sein des entreprises. En réponse à la stratégie d’auto-réglementation des STN, des tentatives d’auto-régulation, générant des processus d’innovation, se développent sous l’impulsion des ONG et des syndicats.

Progressivement l’éthique fait son entrée dans les rayons des grandes surfaces commerciales. Ces nouveaux partenariats ONG entreprise se tissent d’une manière totalement innovante autour d’une figure centrale : le « consom’acteur ». La responsabilité sociale des entreprises sous l’angle de leurs partenariats avec les ONG.

Constatant la méfiance et les oppositions fortes existant au sein de la société civile, et compte tenu de l’ampleur des inégalités et de la pauvreté, il apparaît nécessaire de s’orienter vers une « société de contrat » fondée sur une éthique de la responsabilité. Il appartient aux États, en tant que garants de l’équité, de mettre en œuvre une véritable régulation internationale. Du côté des citoyens, cela suppose aussi de renoncer à

certains égoïsmes au profit d’un gain en lien social.

Accepter ou refuser le modèle dominant relève du principe de responsabilité qui anime à priori chaque être humain, à condition toutefois qu’il puisse exercer son libre-arbitre. Par extension, ce principe peut s’appliquer aux organisations gouvernementales et non gouvernementales dans la mesure où elles sont des constructions humaines, mues par des logiques d’intérêt général et particulier. Dès lors, la responsabilité n’est-elle pas un bien public mondial ?

 

SOMMAIRE :

1.Mots-Clefs

2.Remerciements

3.Introduction

3.1. Globalisation et perte de lien social

3.2. Le néolibéralisme contemporain

3.3. Développement durable

3.4. La société civile, l’Etat et le marché

4.Les dessous d’une approche volontariste

4.1. La RSE : Concept en vogue ou courant de fond ?

4.2. Essais sur les tenants et aboutissants du partenariat ONG-entreprise

4.3. Non-dits VS transparence

5.Régulation VS auto-régulation

5.1. Le développement de l’investissement socialement responsable

5.2. Le partenariat ONG-entreprise : un processus d’innovation sociale

5.3. L’Etat, garant de l’équité

6.Conclusion

7.Bibliographie

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