Faire entrer la science dans le champ de la citoyenneté
Le rôle du développement des sciences et des techniques dans l’évolution de nos sociétés implique qu’il n’y a plus de véritable démocratie sans aptitude collective des citoyens à orienter les priorités en matière de science. Cela modifie radicalement la position de la communauté scientifique et la manière de produire de la recherche : les relations relèvent du contrat social et la réflexion sur la recherche doit être réintégrée dans les réflexions sur la gouvernance
Auteurs : Pierre Calame
Date : 26 juin 1998
Publié par Fondation Charles Léopold Mayer
Cette note de réflexion a été écrite pour le Courrier de la Planète. A cette époque, en 1998, les suisses viennent de voter sur une initiative populaire qui visait à faire limiter sur les territoires suisses la recherche sur les manipulations génétiques et la culture d’organismes génétiquement modifiés. Ce premier acte préfigure les mouvements citoyens qui, les années suivantes, protesteront de plus en plus vigoureusement contre les OGM. La réflexion préfigure aussi les propositions développées dans les années suivantes pour renouveler le contrat social entre communautés scientifiques et sociétés. La notre reprend les réflexions entreprises dès les années 80 et synthétisées dans la plate-forme pour un monde responsable, pluriel et solidaire : si la science est en train de devenir le nouveau nom du destin, alors s’en est fini de la démocratie. Encore faut-il comprendre quel est le système idéologique qui a permis d’en arriver là. Les textes fondateurs sur la science élaborés au lendemain de la deuxième guerre mondiale étaient tous orientés par la défense de « la liberté de la recherche » . La notre montre comment cette présupposition a permis au monde scientifique d’élaborer une idéologie corporatiste solidement bétonnée et permettant de renvoyer les esprits critiques à l’image du rétrograde.
Mais depuis la deuxième guerre mondiale, la science qui se fait est de plus en plus dominée par les grands groupes économiques et les présupposés du contrat social initial ne tiennent plus la route.
Quels pourraient être les termes du nouveau contrat social ? La note avance quatre idées :
* La construction du débat public ;
* L’évolution des modalités de production de la recherche ;
* Le principe d’utilité sociale ;
* Le respect par le monde de la recherche d’une éthique commune aux différents milieux (appelée encore à l’époque Charte de la Terre et devenue depuis la Charte des responsabilités humaines).
Le document en différentes langues
- français : doc_269.pdf (270 Kio)